Pourquoi est-il si important de miser sur la réparation et la
réutilisation ?
Francine Beya (Ressources) : « La plupart des activités de recyclage impliquent une perte de valeur, notamment parce qu’il est impossible de valoriser tous les éléments du produit recyclé. C’est l’histoire bien connue de l’échelle de Lansink (l’idée qu’on accorde la priorité aux méthodes de traitement les plus respectueuses de l’environnement, red.). Mais c’est aussi une réponse à notre société de consommation qui incite à acheter sans cesse de nouvelles choses. »
Joren Verschaeve (HERW!N ) : « Il ne faut pas négliger non plus l’aspect social de la réparation et de la réutilisation, qui est particulièrement évident avec les appareils électr(on)iques. De nombreuses personnes défavorisées qui n’ont pas les moyens d’acheter une nouvelle machine à laver peuvent en trouver une dans un centre de récupération. La collecte, le tri et la réparation de ces appareils constituent également un processus à forte intensité de main-d’œuvre. La réutilisation est donc créatrice de nombreux emplois, en particulier pour des personnes en situation d’exclusion du marché du travail. Les centres de récupération remplissent ainsi un double rôle social. »
Combien d’emplois l’économie sociale représente-t-elle en Belgique ?
Beya : « En Wallonie et à Bruxelles, elle emploie plus de 7 800 personnes à différents niveaux : contractuels, bénévoles et personnes en formation. Le tout représente un total de plus de 2 300 équivalents temps plein. »
Verschaeve : « Ce secteur se caractérise par une grande diversité de statuts, mais j’estime qu’environ 50 000 personnes travaillent d’une manière ou d’une autre dans l’économie sociale en Flandre. Les centres de récupération proprement dits représentent plus de 6 000 emplois. Selon nos analyses, l’économie sociale pourrait employer deux fois plus de monde, mais nous ne disposons pas des ressources nécessaires pour le faire à ce stade. »
Depuis combien de temps collaborez-vous avec Recupel ?
Verschaeve : « Selon moi, depuis notre fondation. Les centres de récupération faisaient déjà de la collecte sélective dans les années 80. Ce processus a été formalisé avec la création de Recupel. Nous avons ainsi pu signer des partenariats qui définissent les appareils qui entrent en considération, la manière dont les chiffres sont
rapportés, … »
Beya : « Notre collaboration date de 1999, mais il s’agissait encore d’une collaboration moins structurelle à l’époque. La création de la fédération vient d’ailleurs d’une volonté des membres de voir s’il y avait une place pour l’économie sociale dans le système Recupel. La signature de l’accord-cadre en 2006 a transformé la collaboration en partenariat effectif. »