4 questions à Eric Dewaet
Eric Dewaet a pris ses fonctions en tant que CEO de Recupel au mois de juillet 2020. Dewaet apporte une vaste expérience de la gestion de la chaîne d’approvisionnement, qu’il a acquise chez VIL (le pôle d’innovation pour la logistique en Flandre) et Hospital Logistics.
Vous avez été nommé CEO en juillet 2020, en pleine crise liée au coronavirus. Comment cela s’est-il passé ?
Eric Dewaet – « J’ai eu la chance que les mesures soient un peu plus souples pendant l’été, ce qui m’a permis de rencontrer physiquement tous les collaborateurs de Recupel. J’ai été touché par leur engagement et leur dynamisme. Notre équipe compte une trentaine de collaborateurs, tous conscients du rôle sociétal de Recupel et travaillant avec beaucoup de passion à celui-ci. Grâce à leur professionnalisme, notre service a également continué à fonctionner sans problème pendant le télétravail. Il s’agit d’une adaptation à ne pas sous-estimer, non seulement pour nous, mais aussi pour nos partenaires qui nous aident dans la collecte, le transport et le traitement des déchets électroniques. »
« Pendant le confinement, de nombreux points de collecte, tels que les magasins et les parcs de recyclage, étaient fermés, ce qui a conduit dans un premier temps à des périodes plus calmes. Nos partenaires en ont fait bon usage pour préparer le travail à domicile ou pour organiser leur lieu de travail en toute sécurité. Nous avons maintenu un contact très étroit avec nos partenaires pour coordonner les fluctuations des volumes collectés en raison de la fermeture et de la réouverture des points de collecte. Cela nous a permis de résoudre les problèmes rapidement. Pendant le confinement, beaucoup de garages, d’abris de jardin et de greniers ont été vidés. Nos partenaires ont tout mis en œuvre pour traiter ces volumes. Nous leur en sommes très reconnaissants. »
De quelles réalisations en 2020 êtes-vous fier ?
« Malgré les circonstances difficiles, nous avons à nouveau collecté une quantité record d’appareils électro et d’ampoules avec nos partenaires. Un beau résultat, car 2019 a été également une année record. Nous pouvons également être fiers de nos résultats en matière de recyclage. Depuis des années, ces chiffres sont bien supérieurs aux objectifs européens préconisés pour le recyclage des ampoules et appareils électro usagés. »
« Nous avons également beaucoup travaillé sur le positionnement de la marque Recupel. Avec les différentes parties prenantes, nous avons remis l’accent sur ce que représente Recupel et sur la meilleure façon de présenter cela au monde extérieur. Notre dernière campagne sur les ampoules et les luminaires en est une première expression. En fait, notre équipe a pu réaliser un grand nombre des projets prévus en 2020 malgré la crise liée au coronavirus : c’est une belle performance. »
Quels sont les projets pour les années à venir ?
« Nous plaçons la barre de plus en plus haut : nous voulons collecter et recycler encore plus. La récupération des métaux critiques à partir d’appareils électro usagés, en particulier, deviendra encore plus importante dans les années à venir. Depuis 2018, nous expérimentons également l’intelligence artificielle pour mieux trier les appareils et les recycler plus efficacement à l’avenir. Nous allons continuer à développer cela. »
« Pour encourager la réutilisation, nous travaillons également avec HERW!N et Ressources pour encourager la réparation et la réutilisation des appareils électroniques. Nous mettons sur pied des campagnes conjointes pour encourager les gens à donner les appareils qui fonctionnent encore à un ami ou à une connaissance ou à les apporter au centre de réutilisation ou magasin de seconde main. Nous disposons également d’un nouvel outil interactif sur le site web qui informe les gens de leurs droits et de leurs options pour faire réparer les appareils défectueux. »
« L’année dernière, nos partenaires ont tout mis en œuvre pour traiter ces volumes. Nous leur en sommes très reconnaissants. »
Quels sont les défis auxquels vous devrez faire face ?
« Comme la plupart des pays européens, la Belgique n’a pas atteint les objectifs européens de collecte. Cet objectif imposait à tous les États membres de l’UE qu’ils collectent 65 % du poids moyen de ce qui a été mis sur le marché au cours des trois dernières années, ou 85 % des déchets électriques et électroniques produits au terme de 2019. La Belgique atteint à présent un peu plus de 50 %. 20 % échappent encore à un recyclage correct via des filières erronées, comme les déchets ménagers et la ferraille, et nous ne savons hélas pas ce qu’il advient des 30 % restants. Pour résoudre ce problème, nous devrons davantage unir nos forces avec tous les acteurs. »
« La diversité des technologies est également un défi. Actuellement, nous recevons un large éventail d’appareils, depuis les vieux tubes cathodiques dont le verre contient du plomb jusqu’aux téléviseurs plasma, et les nouvelles technologies ne cessent de s’ajouter. Chacune d’entre elles présente également ses propres risques – il suffit de penser aux piles au lithium inflammables des ordinateurs portables et des smartphones, par exemple. Afin de pouvoir recycler toutes ces différentes technologies, nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires de recyclage. »
« Mais je suis plein d’espoir. Une génération plus consciente de l’importance de l’économie circulaire, de la réutilisation et du recyclage est en train de grandir. Les jeunes d’aujourd’hui vont promouvoir l’économie circulaire, j’en suis convaincu. »
Eric Dewaet est titulaire d’un master ingénieur civil des mines et en politique industrielle obtenu à la KU Leuven. Tout au long de sa carrière, il a accumulé près de 30 ans d’expérience dans la gestion de la chaîne d’approvisionnement.